Norinori-chan! Euh.... non.

Je suis né dans une famille normale, avec l'espoir d'une enfance normale, d'une vie normale, d'un avenir normale. Après tout, j'étais un enfant dans la ''norme''. Deux parents aimant, pas toujours présents à cause de leur travail mais qui font leur possible. Une petite sœur seulement 1 an et demi plus jeune que moi, totalement adorable. Mais une véritable peste. Je sais toujours pas si je dois la détester ou l'aimer... Qu'importe, je l'aime pareil. J'ai eu un hamster aussi. Et trois poissons rouges. Tous morts. Le hamster aussi. J'ai jamais vraiment eu de talent avec les animaux...
Bref, vous le comprendrez, ma vie a toujours été tout ce qu'il y a de plus normale. À l'école, je n'étais ni dans les populaires, ni dans les ''rejets''. J'étais un élève ordinaire, un peu difficile à cause de mon ''hyperactivité'', mais tous les jeunes gamins sont comme ça. Mes professeurs ont toutefois demandés à mes parents de me faire faire passer des tests pour que vraiment je sois diagnostiqué et qu'on puisse me soumettre à une médication approprié. Ils ont toujours refusés, rétorquant que j'étais calme quand j'étais à la maison. Mais oui! Je ne cessais de bouger, de grouiller pendant les classes et à la récréation, c'était normale que mes batteries soient rendus à plats une fois venu l'heure du souper...
M'enfin, les années passèrent et les profs arrêtèrent de harceler mes parents, préférant me harceler moi avec des copies, des heures de colle, des travaux supplémentaires... Si seulement j'avais été un élève brillant, peut-être qu'ils auraient été un peu moins sur mon dos... Mais j'étais un cancre qui préférait faire des pitreries plutôt que se concentrer à essayer de comprendre. Surtout que je comprenais tellement lentement, c'en était décourageant pour mes professeurs et pour moi. Alors je me forçais pas, je recevais des notes pitoyables, mais c'était très bien comme ça.
Je réussis quand même à passer mes années de primaire et de collège grâce à la patience effroyable de certains profs et travailleurs sociaux. Rendus au lycée, je me concentrai un peu plus dans mes études. Je faisais vraiment quelques efforts pour obtenir des résultats. Pourquoi? La menace de son qu'on appelle ''avenir''. J'avais aucune idée de ce que je voulais faire plus tard! En tant que cancre, mes choix étaient bien limité... Je ne contais pas faire des études supérieurs après. J'avais beau avoir toujours énormément d'énergie, je n'étais pas particulièrement doué dans un sport. Enfin, je me débrouillais au foot, mais pas assez pour devenir un professionnel.
Ma sœur était une artiste. Elle passait beaucoup de temps à rester calme, assise dans un coin, à dessiner ou à peinturer. Selon mon avis personnel, elle avait un talent incroyable pour créer de véritable œuvre d'art. Depuis le primaire qu'elle était dans le club d'art, donc ce n'était pas surprenant qu'elle soit si douée. C'est elle qui m'entraîna vers ce monde d'artiste ''hors des normes''. Ça a commencé un beau jour, par...
-Nori-niisan! Regarde, je me suis fais couper les cheveux! C'est beau, non? Tu veux bien faire mon portrait pour que je vois vraiment comme ça me fait?
-Pourquoi tu veux pas plutôt que je prenne une photo? En 3 secondes, tu verrais le résultat.
-Mais ce serait moins drôle! Dessine-moi!!
-Mais ça va me prendre un temps fou! Et puis, je dessine hyper mal...
-T'as déjà pris le temps de t'asseoir pour dessiner?
-Non.
-Alors assis-toi et dessine-moi.
-Nee-chan...
-Pas de discussion! Exécution!
-Nee... à vos ordres...
Découragé, j'avais pris le crayon et la petite tablette à dessin qu'elle me tendait et commencer à la dessiner. Elle avait raison sur ce point, je n'avais jamais vraiment pris le temps de m'asseoir pour dessiner. Je fuyais les courts d'arts plastiques comme la peste, persuadé que c'était aussi emmerdant que les cours de calligraphie. Et pourtant, je me surpris à aimer cette demi-heure où je restai assis devant elle a mettre ses traits sur papier. Puis je déposai mon crayon et lui déposai la tablette.
-Je le savais!
-Tu le savais...?
-Tu as plus de talent que moi en dessin!
-Hein?
-Tu as un potentiel incroyable, c'est juste que tu ne t'es jamais pratiqué. Avec de la pratique, tu pourrais vraiment faire des dessins magnifiques.
-Euh... et tu savais ça?
-Oui. Parce que tu es mon parfait inverse. J'exprime trop facilement mes émotions, alors quand j'arrive pour les mettre sur papier, j'ai de la difficulté parce que tout est déjà sortie, si tu vois ce que je veux dire. Alors que toi... t'exprime rien d'autre que ton image de gamin qui sait que délirer, alors tu peux tout exprimer sur papier. Tu devrais dessiner plus souvent, onii-chan.
Je ne suivis pas vraiment son conseil, toutefois. Je me spécialisai vers le sport, prenant des cours de foot, d'athlétisme et d'aïkido. Je me disais qu'au final, il valait mieux pour moi essayer de devenir professeur d'éducation physique ou un truc dans le genre. Et puis, j'avais cette peur en moi que si je me mettais vraiment au dessin, on me traiterais de tapette ou de fillette. Je n'assumais qu'à peine mon homosexualité, je ne voulais donc pas qu'on me catégorise de la sorte...
Je me mis tout de même à dessiner quelques fois, mais je préférai ''sortir de la norme'' par mon look et mon caractère. Suivant l'excentricité de certains artistes, je me suis teint en blond, j'ai changé ma garde-robe... et surtout, j'ai collé cet adorable bandeau sur mon nez, et je compte pas le déloger de sa place de si-tôt. Niveau caractère, surtout, j'arrêtai d'essayer de vieillir, me contentant de rester ce gamin que je suis encore.
Ce changement autant physique que dans mes façon d'agir m'a valu de nombreuses nouvelles visites chez les travailleurs sociales et même le psychologue de l'école. Ils ressortirent les arguments de ''hyperactivité'', ''déficit d'attention'', et etc. Puis, un jour, on me fit sortir de la classe. C'était la psychologue de l'école qui me demandait dans son bureau. De là, elle m'accompagna jusqu'à la sortie de l'école et me mena dans une espèce de voiture blanche. Elle m'expliqua que c'était pour mon bien et celui de mes parents et de ma sœur, que là-bas j'allais être soigné comme il fallait, que c'était le meilleur choix pour tout le monde. Je fus obligé d'embarquer dans cette voiture et on décolla.
Je me disais : ''Bon, ça y est. On va m'emmener à l'hôpital, où on me diagnostiquera (enfin!) de déficit d'attention avec hyperactivité, ou un truc du genre. On me gardera quelques temps histoire de s'assurer que la médication est la bonne puis on me laissera repartir. ''
Quand je vis l'immense portail que la voiture traversait, je me mis un peu à paniquer. Les hôpitaux ne sont pas censés être entouré d'un aussi grand mur, hein? La voiture traversa la cours et un infirmier vint m'accueillir dès que je débarquai. La voiture redémarra après m'avoir laissé derrière, et le portail se referma derrière elle. L'infirmier, tout souriant, semblait me prendre pour un parfait malade ou je sais pas quoi...
Mais dans quel hôpital de fou on m'a fait débarqué... Ou plutôt... dans quel hôpital de fou on m'a fait interner??